dimanche 15 février 2009

Cohabitation bantous-pygmées dans le territoire de Bikoro

LA COHABITATION BANTOUS-PYGMEES DANS LE TERRITOIRE DE BIKORO

INTRODUCTION

La République Démocratique du Congo avec une superficie de 2.345.000 km, regorge en son sein un nombre important des groupes sociaux. Bien qu’officiellement tous les citoyens qui s’y trouvent dans ce pays sont libres et égaux devant la loi, dans la réalité de tous les jours les choses ne se passent pas toujours ainsi. Il y a des citoyens issus des peuples qui se considèrent comme ayant obtenu du ciel le droit de commander sur les autres.

Devant cette attitude de domination d’un groupe sur un autre, il y a généralement deux types de réaction. Soit le groupe qu’on cherche à dominer n’accepte pas qu’il soit assujetti et monte des mécanismes d’autodéfense. Ces mécanismes peuvent s’avérer efficace ou non. La seconde attitude est celle de l’acceptation, c’est-à-dire le groupe qu’on veut dominer, accepte cette domination pour des raisons qui lui sont propres.

Le Territoire de Bikoro qui est l’un des territoires que compte la République Démocratique du Congo, connaît des problèmes de leadership et d’hégémonie entre peuples, entre sous groupes ethniques. Dans le cadre de ces écrits, nos analyses ne portent pas sur tous les problèmes qui se passent entre les peuples du territoire de Bikoro, mais bien entendu sur la violence qu’on y observe dans la cohabitation bantous-pygmées.

Notons que les bantous et pygmées qui se trouvent dans le territoire de Bikoro se reconnaissent comme étant les citoyens de la République Démocratique du Congo et habitant d’un même territoire. Toutefois, au-delà des lois, il existe d’autres réalités qui expliqueraient le comportement qu’on y observe entre les filles et fils de ce territoire.

Avant d’entrer dans le vif de notre sujet il nous paraît impérieux de présenter le territoire de Bikoro qui abrite les bantous et les pygmées qui nous intéresse dans le cadre de cette étude.

I. PRESENTATION DU TERRITOIRE DE BIKORO ET EXPLICATION SUR L’ORIGINE DE LA VASSALITE « TWA »

D’une superficie de 13.842, KATAMU EPUNDA ([1]) ; précise que le Territoire de Bikoro est borné au Nord-Est par les Nkundo (Ngel’ea Ntando) ; au Sud par les Bolia, à l’Est par les Ekonda et à l’Ouest par les Mpama et les Sakanyi.

Situé en République Démocratique du Congo, le Territoire de Bikoro se retrouve dans la Province de l’Equateur et dans le District de l’Equateur. Ce territoire « fut crée en 1947 par Arrêté du Régent du 1er juillet 1947 sur l’organisation administratives de la colonie, et agrandie en majeure partie de l’ancien territoire de Coquilhatville par ordonnance 21/399 du 29 septembre 1958. ([2])

L’économie du territoire de Bikoro repose presqu’essentiellement sur l’agriculture, la pêche, l’élevage, la chasse, le petit commerce et la cueillette.

Notons que le Territoire de Bikoro est divisé en deux grands castes : il y a d’un côté, les bantous (Baoto) et de l’autre les pygmées (Batwa), moins nombreux que les premiers. Notre contrée d’étude, est composée de trois groupes bantous : les NTOMBA, les EKONDA et les NKUNDO.

D’après la tradition orale et selon EVERBOECK ([3]), les trois tribus précitées sont les descendants de NSONGO et de LIANZA. Lors de la migration qui s’étendit de la dernière moitié du 18e siècle à la première moitié du 19e siècle, BONGO et MPUTELA, petits-fils du couple précité et leur famille suivirent l’itinéraire de la Province-Orientale jusqu’à celle de l’Equateur.

Après avoir traversé les rivières de Lopori, Maringa, Tshwapa et Momboyo, la famille MPUTELA s’installe dans le territoire qu’elle occupe actuellement (EKONDA). Une partie de la population lancée à la conquête de la forêt équatoriale sous la direction de Ntomb’okolo, occupa la région du lac, ce qui explique probablement l’appellation du lac Ntomba ([4])

Quant aux Nkundo, ils ont dû occuper leur habitat actuel après l’épisode historique connue sous le nom de « Etumba y’Ikenge » ou Etumba e Nkulongo » qui rappelle leur conflit avec les Ekonda ([5])

La langue des Ekonda, faut-il le signaler, c’est le lokonda .D’ après le Rév. Père ROMBAUTS ([6]) bokonda signifierait vaste terre, terrain de forêt. L’appellation Ekonda tirerait probablement son origine à partir de bokonda. Ce peuple est celui de forêt, de terre ferme et présenté génériquement comme agriculteurs malgré la pratique de la pêche à petite échelle. Numériquement, c’est le groupe le plus important de la contrée.

Les Ntomba parlent le lontomba. « Ce qui présente l’intérêt principal de la langue Ntomba c’est que le peuple qui la parle a été placé, lors des grandes migrations, à l’avant-garde de l’imposant groupe ethnique Mongo et qu’il s’est trouvé, de ce fait, en contact direct avec les peuples des groupes voisins.

Les Nkundo de Bikoro appelés également les ELANGA sont divisés en deux groupes : il y a les Inzolo pêcheurs et les Bafidji agriculteurs ([7]). Ils parlent lonkundo. Les Nkundo constituent le groupe le moins peuplé du Territoire de Bikoro. Et contrairement aux NTOMBA et aux EKONDA qui occupent respectivement 5.507 km2 et 3.845 km2, les NKUNDO en occupant que 3.198 km2 ([8])

S’agissant des pygmées (Batwa), moins nombreux dans le Territoire de Bikoro que les bantous (Baoto), il y a lieu de signaler qu’ils sont distincts des nègres non seulement par l’aspect physique mais aussi par leurs modes de vie et leurs civilisations » ([9])

D’après R.P.WOUTERS, les ancêtres de Batoa viennent de Bayo. Ils traversent d’abord le fleuve Ubangi, puis le fleuve Congo à Bandaka Ils prirent pied à Tshabake (actuel Boyela) au sud de Bandaka ([10])

Les Batwa du Territoire de Bikoro sont au même titre que les Batwa du Kivu et du Kasaï , ils appartiennent aux pygmoïdes. Leur taille moyenne est inférieure à celle des Nègres bantous mais supérieure à celle des pygmées. ([11])

Abordant presque dans le même sens, ELSHOUT écrit : « la population Batwa serait un groupe pygmée qui a absorbé des éléments nègres, un produit de métissage qui ne peut plus être considéré comme une population pygmée pure » ([12])

En effet, il faut noter que les Batwa sont considérés comme les premiers occupants de l’actuel Territoire de Bikoro. A ce sujet ELSHOUT précise que « cette prétention à la qualité de « premier occupant »doit s’étendre plutôt dans le sens de « ceux qui ont vu pour la première fois « les terres en question. Les Batwa étaient les envoyés des Baoto à la recherche des terrains et des forêts ([13])

D’après ELSHOUT, « la corrélation linguistique des variantes du radical twa ; tswa, tshwa, toa, tua, twe, twah, thwa, kwa, ka, Rao, Rwa, Sanua, wana, e.a, préfixes de la classe grammaticale relative aux personnes, pour désigner une même espèce d’hommes, fait incliner les spécialistes à supposer l’existence d’une signification première. Le sens profond en serait « nain », « petit », « court », et par extension « inférieur », « esclave », « banni », « rejeté », « vaincu », pour en dégager finalement « barbares », « étrangers » ([14])

Contrairement à EVERBOECK qui considère que les twa forment une race à part ([15]), certains spécialistes prétendent pourtant que les Batwa puisque n’ayant pas de langue propre, ne forment pas une race à part ([16])

Si les groupes bantous ont chacun un site géographiquement bien identifié, il n’en est pas le cas pour les Batwa. Ceux-ci n’ont pas un territoire fixe. On les trouve tant chez les NTOMBA, les EKONDA que chez les NKUNDO. Toutefois, Lokuku et Iyanda restent les plus grandes localités des pygmées. ([17])

D’excellents danseurs, remarquables archers et doués de pouvoirs magiques, leurs habitudes ont peu changé ; vivant de la chasse et de la cueillette, ce sont des nomades qui changent régulièrement de campements ([18]) à la recherche d’une situation beaucoup plus confortable. Ils sont très mobiles, « puisque sans richesses matérielles qui les encombrent » ([19])

II LES BATWA DE BIKORO : ENTRE L’ EXCLUSION ET L’ESCLAVAGE

Tout mensonge, toute injustice est une violence latente qui, un jour ou l’autre, deviendra forcément une violence patente ([20]) Il y a également une violence qu’on appelle oppressive, « une violence sourde, celle de l’exploitation de l’homme par l’homme » ([21]) Notons cependant que « la violence est à la fois contrainte physique, torture, mais aussi torture morale, tourment, humiliation. Disons qu’elle est une tentative pour réduire l’autre, pour le contraindre à se renier, à se résigner à la situation qui lui est faite, à renoncer à toute lutte, à abdiquer. C’est une entreprise directement menée contre la liberté de l’autre. Mais sous la forme parfaitement, immédiatement visible, ou sous la forme plus subtile que l’on peut caractériser par les diverses figures convenables qui constituent l’aliénation : celle-ci revient, cette fois, à séduire l’autre, à l’amener à se voir lui-même tel qu’on le voit, à justifier lui-même le destin qu’on lui fait, qu’on lui impose ([22])

En effet, dans la cohabitation bantou-pygmée dans le Territoire de Bikoro, toutes ces formes de violence y sont présentes. Il nous revient ainsi de les analyser.

Bien que les Batwa, c’est-à-dire pygmées, sont citoyens libres de la République Démocratique du Congo à l’instar des bantous (Baoto), « les Baoto s’imposent politiquement et socialement aux Batwa comme Nkolo, terme qui signifie à la fois supérieur et maître dans le sens latin de « dominus » et qui relègue les Batwa en situation inférieure de serviteur et de client. Ils sont régis par un statut personnel coutumier qui diffère totalement de celui des Bantous. ([23]

A l’origine de la vassalisation des Batwa, la légende de « de la malédiction du fils aîné semble tout expliquer. Un ancêtre indéterminé avait deux fils. Après une journée de chasse, l’aîné omit de remettre au père les parties de viande qui lui revenaient en vertu de la coutume. Le père critiquait cette manière d’agir et le fils aîné s’excusait, mais continuait à contrevenir aux devoirs de la hiérarchie familiale coutumière. Le père maudit alors le fils aîné et donna tous les droits qui revenaient à l’aîné au frère cadet ([24]) D’après cette légende, le fils aîné maudit c’est un « pygmée » et le cadet à qui on a donné tous les droits, c’est un « bantou ». Cette légende est répandue dans la mentalité populaire. Toutefois, cette légende n’est-elle pas une idéologie bantoue surtout quand on sait que « l’idéologie qui domine une société des classes (et écrase éventuellement d’autres idéologies dès lors dominées) s’exerce au bénéfice ou au profit de la classe dominante, servant les intérêts de cette dernière, contribuant à la production de la domination : et cela tout simplement en justifiant les hommes d’occuper la position qu’ils occupent dans la structure de classes ; position de dominant ou d’exploiteur… de dominés ou d’exploités… » ([25])

N’oublions pas que « les idéologies ne sont pas seulement des systèmes d’idées-représentations sociales mais elles sont aussi des systèmes d’attitudes sociaux ([26]), Ceci veut dire que les idéologies ne restent pas des lettres mortes mais elles finissent par se traduire en actes dans le comportement de tous les jours.

Dans cette contrée on naît bantou ou « twa », on ne le devient pas. Ceci montre combien le passage d’une caste à une autre n’est pas possible, les « twa » sont considérés comme « des enfants mineurs, irresponsables et capricieux » ([27]) Ainsi, ils n’ont pas droit au « losako », c’est-à-dire à la salutation solennelle qu’on donne aux aînés quelque soit leurs âges. Au contraire, ils sont obligés de donner « losako » à tous les bantous : femmes ou enfants, même ceux qui sont moins âgés qu’eux alors que dans la tradition de ces peuples, on ne donne généralement pas le « losako » à une femme. Ceci montre combien, les pygmées sont considérés comme des éternels enfants.

La mentalité « twa » est jugée primitive et son âme, celle d’esclave. La manque quasi-total de l’esprit préventif qui les conduit à vivre selon le principe « à chaque jour suffit sa peine », leur dépendance aux bantous, constituent aux yeux de ces derniers un élément important pour justifier la malédiction dont il serait victime.

Comme le signale MOLINGA (), dans le Territoire de Bikoro, les « Batwa » constituent une main-d’œuvre abondante et quasi gratuite. Les travaux périlleux, épuisants et peu sains sont souvent exécutés par eux en contre partie d’une rémunération qui ne cache pas l’exploitation dont ils sont victimes. Souvent ce qu’on leur donne ne correspond qu’à une partie de leur travail, « ce que Marx appelle le travail nécessaire. L’autre partie non payée, correspond à un non travail, et produit la plus-value, c’est-à-dire finalement le profit » ([28]) En ce sens, le travail des « Twa » auprès des Bantous se présente bien comme une forme d’exploitation.

Mais il est aussi une forme d’aliénation. Le travail des « Twa » leur est extérieur. « L’extériorité de leur travail apparaît en ce que le travail n’est pas à eux, mais aux autres, qu’il ne leur appartient pas, que dans leur travail, il ne s’appartient pas mais qu’il appartient aux autres » ([29])

Notons cependant que parmi les « Twa », il y a lieu de distinguer ceux qui font partie de la propriété privée d’une famille et ceux qui sont utilisés uniquement pour certaines fins. Les deux catégories pour un même travail ne sont pas payées de la même façon. Ceux faisant partie de la propriété privée puisqu’étant à la charge de la famille de leurs maîtres, ils bénéficient souvent d’habits, de la nourriture… ne touchent presque rien. Tandis que les seconds touchent leur dû en argent ou en nature suivant les closes de leur contrat.

Il est curieux de constater que les « Twa » qui sont les premiers occupants de cette contrée dans le sens que nous avions signalé autrefois, ne sont pourtant pas propriétaires des terres. Pour se procurer des produits de champ, ils sont obligés soit de les acheter, soit d’exécuter les travaux champêtres auprès des Bantous. Ils peuvent avec leur femme s’occuper des travaux de champs à partir du défrichage jusqu’à la récolte mais eux-mêmes ne se soucient pas d’avoir leurs propres champs peut-être parce qu’ils n’ont pas de terres

En effet, en ce qui concerne la gestion de la cité, de la chose publique, les « Twa » brillent par leur absence. Ils réservent cette tâche aux Bantous. Et de leur côté, ceux-ci ne sont pas encore prêts à accepter d’être dirigé ou commandé par un « Twa », car c’est pécher contre le bon sens.

Mais comment ils peuvent occuper les postes stratégiques surtout quand on sait que les rares enfants « Twa » qui fréquentent l’école subissent chaque jour injures et humiliations de la part des enfants Bantous jusqu’à ce qu’ils abandonnent le chemin de l’école. Les rares intellectuels «Twa » sont ceux qui évoluent en dehors de cet environnement.

En d’autres termes, les Bantous dans leur comportement de chaque jour, ne donnent aucune chance aux « Twa » de sortir de leur carcan idéologique. N’ayant pas une élite intellectuelle capable de leur proposer une série d’éléments de réflexion susceptible de promouvoir la remise en question que MABIKA ([30]) considère comme base de la décolonisation mentale ; les « Twa » éprouvent de difficultés pour sortir de leur infériorisation et traiter d’égal à égal avec les bantous.

L’ignorance dans laquelle vivent les « Twa »constitue un grand danger d’autant plus qu’ « une société organisée sur base de la connaissance de la vérité a plus de chance de survivre et de mieux échapper à la disparition qu’une société « dite naturelle » ([31]) comme celle des « Twa ».

La répugnance des Bantous envers les Batwa est l’une des caractéristiques essentielles de leur relation. « De leur plus tendre enfance, les Baoto sont éduqués dans le plus profond mépris à l’égard des « Batwa » et de tout ce qui leur est propre, en vertu de la malédiction originelle » ([32])

Les Bantous donnent des consignes claires à leurs enfants sur la nature des relations qui existent et qui doivent exister avec les pygmées. C’est ainsi qu’un enfant Bantou ne tarde pas à pleurer si quelqu’un ose l’appeler « motwa », c’est-à-dire pygmée, car ceci paraît l’injure la plus grave que nul Bantou ne peut accepter.

Dans le domaine du mariage, la société exige que chaque groupe se marie entre séparément, c’est-à-dire les Bantous entre eux et les Pygmées entre eux aussi. Le mariage entre un bantou et une pygmée, entre une bantoue et un pygmée sont strictement interdit. Un Bantou ou une Bantoue qui ose prendre en mariage une « Twa » ou un « Twa » subit sans une autre forme de procès la rigueur de la loi. Ses compagnons l’éviteront, il sera pratiquement évincé de son groupe et devra s’installer chez les Pygmées. Il perd par ce fait même le statut de Bantou.

L’enfant né de l’union d’un Bantou et d’une Pygmée ou vice versa, n’a pas droit de cité chez les Bantous car considéré comme Pygmée. N’a-t-il pas de sang « Twa » dans ses veines ? Le verdict sur ce point là est sans appel.

ELSHOUT note cependant que l’agglomération Batwa est séparée de celle de Baoto par une distance de 50 à 300 mètres légèrement boisée et garnie de hautes herbes, de façon à la soustraire à la vue de l’agglomération Baoto. Le village Batwa se trouve à l’extrémité du village Baoto qui est opposé à la direction des vents dominants, les Baoto ne voulant avoir aucun contact sensoriel avec l’agglomération Batwa ([33]). Cette réalité reste vivace jusqu’aujourd’hui.

Même s’il meurt de soif, un Baoto ne boira jamais à la calebasse d’un Botao auquel d’ailleurs, il est sévèrement défendu de puiser de l’eau avec sa propre calebasse, à la source utilisée par les Baoto. En outre, sous aucun prétexte un Baoto ne touchera aux mets préparés par une femme botao. ([34])

Comme le constate d’ailleurs EVERBOECK ([35]), cette attitude de répugnance s’observe surtout dans le domaine social.

Il convient cependant de faire remarquer que les Bantous dans le Territoire de Bikoro n’éprouvent aucune répugnance à consulter des féticheurs et guérisseurs Pygmées. Les citoyens de cette contrée savent bien que « la vie que mènent les Batwa en continuel contact avec la forêt leur fait acquérir de très vastes connaissances dans le règne végétal. De leur enfance, ils sont capables de désigner par le nom la moindre plante ou herbe et ils en connaissent éventuellement les vertus curatives » ([36])

Dans le domaine musical par exemple, les Bantous n’éprouvent aucun inconvénient de suivre le folklore Pygmée surtout quand on sait que ces derniers sont des excellents danseurs et ont des atouts musicaux indéniables. D’ailleurs on recourt parfois aux pygmées pour accueillir les hôtes de marque. Le feu danseur « Twa » ILONGO JOUEUR était maintes fois le danseur attitré accueillant les hôtes de marque dans la cité de Bikoro, chef-lieu du Territoire de Bikoro.

CONCLUSION

Quand bien même les bantous et les Pygmées du Territoire de Bikoro sont appelés grâce à la géographie et à l’histoire de vivre ensemble, les Bantous cherchent dans leurs relations avec les Pygmées de tirer toujours profit.

Comme le signale MOLINGA, « les Batwa sont assujettis à leur « Nkolo » (maître) par un héritage culturel souvent difficile à comprendre et à expliquer puisque sans fondement objectif. Ceci montre que, l’aliénation culturelle est à la base même de cette infériorisation de l’homme « Twa ».

Les « Twa » de Bikoro ne doivent pas perdre de vue que de toutes les aliénations, « l’aliénation culturelle est la plus dangereuse [37]et la plus perfide (37) D’où ils doivent refuser de se comporter en maudits et par ce fait même décider de prendre leur destin en main. Continuer à croire au récit de la malédiction, « c’est demeurer trop longtemps encore colonisable et bon pour des travaux d’exécution, mais impropre à construire individuellement et collectivement une culture matérielle et idéelle digne de respect et de grandeur » ([38])

En effet, les Bantous du Territoire de Bikoro doivent savoir que pour se développer, la République Démocratique du Congo a besoin de l’apport de tous ses citoyens. Ainsi, maintenir une partie de la population, minime soit-elle, dans le carcan idéologique et sous la domination c’est donner un coup dur tant au devenir du Territoire de Bikoro qu’à celui de la République tout entière.

Le 21ème siècle n’est pas celui où certains groupes tribaux ou raciaux doivent au nom de quelle supériorité marcher sur les autres Tous les humains sont ainsi appelés a travailler la main dans la main et d’échanger d’égal a égal en vue d’aider la société a aller de l’avant et a devenir de plus en plus humain.

Dieudonné IYELI KATAMU

E-mail : iyelikatamu@yahoo.fr

Tél. : 243 812 67 44 08



[1] KATAMU EPUNDA cité par IBONGO BWALA, Le sens et le rôle éducatif des contes chez les NTOMBA de l’Equateur, Mémoire de licence en Psychologie, FPSE, UNIKIS, Août 1990, p.5.

[2] MOLINGA NGANDA, Les localités de la Zone de Bikoro, éd. CERBI, Kinshasa, 1990, p.1.

[3] EVERBOECK, cité par IBONGU BWALA, Op.Cit, p.4.

[4] IBONGU BWALA, Op.Cit., p.4.

[5] ELSHOUT, Les batwa des Ekonda, Tervuren, 1963, p. 10.

[6] ROMBAUTS cité par ELSHOUT, Op.Cit. p. 11.

[7] MAMET,M., La langue Ntomba telle qu’elle est parlée au Lac TUMBA et dans la région avoisinante (Afrique centrale), Tervuren, 1955, p.5.

[8] MOLINGA NGANDA, Op.Cit., p.11.

[9] Ibidem, pp.11, 16 et 22.

[10] Agence de coopération culturelle et technique, in Almonach africain, 1979, p.34.

[11] WOUTERS cité par EVERBOECK, EKOND’E MPUTELA, histoire, croyances, organisation clanique, politique, sociale et familiale des Ekonda et de leurs BATOA, Tervuren, 1974, p.2.

[12] ELSHOUT, Op.Cit., p. 2.

[13] ELSHOUT,Op Cit , p.11.

[14] Ibidem, p.15.

[15]EVERBOECK, Op.Cit., p.129

[16] Agence de la coopération culturelle et technique, Op.Cit., p. 34.

[17] MOLINGA, Op.Cit., p. 17 et 24.

[18] Agence de coopération culturelle et technique, Op.Cit., p.153.

[19] BALANDIER,G., Afrique ambiguë, Paris, 1962, p.153.

[20] ONIMUS,J. (Sous la direction de), La violence dans le monde actuel, centre d’Etudes de la civilisation contemporaine, Desclée de Brouwer, 1968, p.277.

[21] JEANSON cité par ONIMUS, Op.Cit., p.2.

[22] Ibidem,p.271.

[23] Everboeck ? Op.Cit., p.2.

[24] ELSHOUT, Op.Cit., p.50.

[25] LEGRAND,M., Psychanalyse, science, société, 1983, p.44.

[26] HARNECKER, cité par LEGRAND,M., Op.Cit. p.43.

[27] EVERBOECK, Op.Cit., p.2.

[28] MARX cité in Encyclopaedia Universalis,, corpus 16. Paris, 1985, p.395.

[29] Encyclopaedia Universalis, Op.Cit., p.395.

[30] MABIKA KALANDA, La remise en question. Base de la décolonisation mentale. , CEP, Kinshasa, 1965.

[31] MABIKA KALANDA Op Cit, p.12.

[32] ELSHOUT, Op.Cit.,p.51.

[33] ELSHOUT, Op.Cit., p.24.

[34] EVERBOECK, Op.Cit.,p.130.

[35] Ibidem,p.2.

[36] ELSHOUT, Op.Cit., PP.31-32.

[37] TEOVOEDJRE, cité par MICHAUD,G., (Sous la direction de), Négritude : traditions et développement, P.U.F.Paris, 1978, p.146.

[38] MABIKA KALANDA, Op.Cit.,p.149.

Aucun commentaire: