vendredi 5 février 2010

Colloque "Benoît Verhaegen, l'homme et le savant" Programme des activités


Université de Kisangani

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Faculté de Sciences Sociales, Administratives et Politiques

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Centre de Recherches Politiques et Sociales d’Afrique Noire /CEREPSAN

E-mail : cerepsan@yahoo.fr ou cerepsan@gmail.com

Téléphones : +243818562230, +243812005218, +243998506935

B.P.2012 KISANGANI

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Colloque « Benoît Verhaegen, l’homme et le savant »

Date : 2-3 février 2010

Lieu : amphithéâtre de l’Université de Kisangani à Kisangani

Programme des activités

Mardi 2 février 2010

8h00 : Arrivée et enregistrement des participants et invités

8h30 : Mot du Directeur du CEREPSAN

8h50 : Mot du Doyen de la FSSAP

9h10 : Conférence académique du Recteur de l’UNIKIS

9h40 : Atelier 1 « Production des savoirs et transformation des pratiques sociales »

Chairman : Professeur Antoine Ngute

Discutant : Professeur Alphonse Maindo

-« Le caractère révolutionnaire des sciences sociales à l’épreuve des faits », par Professeur Dieudonné Iyeli

-« Histoire immédiate : théorie, pratique et actualité », Docteur Erik Kennes

-« La démystification au chevet de l’histoire immédiate », Professeur Frédéric Esiso

10h40 : Débats et échanges

11h40 : Atelier 2 « Repenser Benoît Verhaegen »

Chairman : Professeur Alphonse Maindo

Discutant : Professeur Dieudonné Iyeli

-« Les femmes de Kisangani dans l’œuvre de Benoît Verhaegen. Réflexions épistémologiques et méthodologiques », Chef de Travaux Camille Welepele

-« Comprendre la pauvreté à Kisangani. Possibilités d’usage de l’approche qualitative de Benoît Verhaegen », Docteur Victor Yaaya

12h20 : Débats et échanges

13h00 : Pause - déjeuner

14h00 : Atelier 3 « Faire la guerre : en quête des acteurs locaux »

Chairman : Professeur Antoine Ngute

Discutant : Chef de Travaux Fraternel Amuri

-« La guerre de six jours à Kisangani. Repenser la participation des acteurs locaux », Chef de Travaux John Nkoko

-« Milicien un jour, milicien toujours ? Comment on devient combattant mai mai à Bafwasende », Honorable Heri Baraka

14h40 : Débats et échanges

15h20 : Atelier 4 « Les combats des femmes pour la survie »

Chairman : Honorable Heri Baraka

Discutant : Chef de Travauc Edocin Ponea

-« Être femme et vivre avec le VIH/SIDA à Kisangani: les arts de faire quotidiens », Chef de Travaux Billy Kakelengwa

-« Survivre dans un contexte de guerre : la prostitution des femmes à Kisangani », Mademoiselle Esther Kisembo

-« Trajectoires croisées des femmes de Kisangani », Assistante Bibiche Salumu

16h20 : Débats et échanges

17h30 : Fin de la journée

Mercredi 3 février 2010

8h00 : Arrivée des participants

8h30 : Atelier 5 « Repenser l’espace public à Kisangani »

Chairman : Docteur Erik Kennes

Discutant : Docteur Victor Yaaya

-« Crises et mobilisations sociopolitiques : quand les jeunes investissent l’espace public », Professeur Maindo

-« Occupation et peuplement de la ville de Kisangani », Assistant Claude Mbay

-« Représentations et pratiques de relations de plaisanterie interethniques : ‘‘l’oncle mukusu’’ à Kisangani », Chef de Travaux Fraternel Amuri

9h10 : Débats et échanges

10h00 : Atelier 6 « Mobilisation des identités »

Chairman : Professeur Frédéric Esiso

Discutant : Professeur Antoine Ngute

-« Propos autour des ‘‘nouvelles identités’’ en RDC », Professeur Noël Obotela

Comprendre la compétition politique à Kisangani : l’historiographie de la ville et la place des identités dans les travaux de B. Verhaegen », Chef de Travaux Roger Ekongo

-« Militantisme associatif et engagement politique en Province Orientale », Docteur Jean-Pierre Lifoli

11h00 : Débats et échanges

12h00 : Fin des travaux et mot de clôture

Le comité d’organisation

Le CEREPSAN a rendu hommages à Benoît Verhaegen durant deux jours


Université de Kisangani

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Faculté de Sciences Sociales, Administratives et Politiques

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Centre de Recherches Politiques et Sociales d’Afrique Noire /CEREPSAN

E-mail : cerepsan@yahoo.fr ou cerepsan@gmail.com

Téléphones : +243818562230, +243812005218, +243998506935

B.P.2012 KISANGANI

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Colloque « Benoît Verhaegen, l’homme et le savant »

Date : 2-3 février 2010

Lieu : amphithéâtre de l’Université de Kisangani à Kisangani

Résumé des communications

Mardi 2 février 2010

Atelier 1 « Production des savoirs et transformation des pratiques sociales »

-« Le caractère révolutionnaire des sciences sociales à l’épreuve des faits », par le Professeur Dieudonné Iyeli

Les Sciences Sociales sont par essence des sciences révolutionnaires dans ce sens qu’elles ont la noble mission de changer le monde, de transformer positivement la société en y diffusant les idées nécessaires à l’ouverture de l’esprit et à l’épanouissement de l’être. Elles sont, dès par leur nature, appelée à éclairer la société, à mettre debout ceux qui sont assis, à dire tout haut certaines « vérités interdites » et à tirer les sonnettes d’alarme. C’est ce qui justifie le fait que si d’un côté elles sont aimées par les uns, de l’autre côté, elles sont terriblement combattues par les autres. Aujourd’hui le caractère révolutionnaire des Sciences Sociales est menacé par les préjugés, les idéologies, les intérêts égoïstes, le travail superficiel de certains chercheurs en Sciences Sociales. Ce qui jette parfois un discrédit à certaines de ses productions, donnant ainsi l’occasion à ses détracteurs de justifier leur méfiance à leurs égards.

-« Histoire immédiate : théorie, pratique et actualité », par le Docteur Erik Kennes

La communication essaie de traiter des questions suivantes : qu’est-ce que l'histoire immédiate ? Quel fut l'apport spécifique de Benoît Verhaegen ? Dans quelle mesure Benoît Verhaegen a-t-il appliqué sa méthode ? Quels enseignements tirer de cette méthode pour la situation actuelle de la recherche en Afrique Centrale ? En conclusion, le message de Benoît Verhaegen mérite d'être renouvelé et réactualisé pour construire une méthode-action qui reste d'une surprenante actualité.

-« La démystification au chevet de l’histoire immédiate », par le Professeur Frédéric Esiso

La méthode pensée par Benoît Verhaegen pour révolutionner les sciences sociales a permis beaucoup d’avancées en ce qui concerne la connaissance de la société, des acteurs de l’histoire à qui la parole est donnée. Cependant, cette méthode qualitative a montré ses limites et faiblesses. Ce papier revient sur tout cela en présentant une alternative innovante pour permet de dépasser ces limites et d’actualiser la méthode de Benoît Verhaegen.

Atelier 2 « Repenser Benoît Verhaegen »

-« Les femmes de Kisangani dans l’œuvre de Benoît Verhaegen. Réflexions épistémologiques et méthodologiques », par le Chef de Travaux Camille Welepele

Il s’agit ici d’analyser la place des femmes dans les écrits de Benoit VERHAEGEN. En effet, la lecture des œuvres de VERHAEGEN sur les femmes laisse entrevoir un fond commun : d’abord l’usage que l’auteur fait du matérialisme historique dans l’étude des femmes est patent. Ensuite, recours est fait aux sources orales (récit de vie, témoignages et proverbes oraux) pour la collecte de l’information. Ainsi, dans ce papier, notre propos consiste à scruter l’œuvre scientifique de VERHAEGEN en expliquant et en interrogeant les outils théoriques et les moyens mis en œuvre par ce dernier dans l’étude des femmes.

-« Comprendre la pauvreté à Kisangani. Possibilités d’usage de l’approche qualitative de Benoît Verhaegen », par le Docteur Victor Yaaya

La présente communication veut d’abord placer un mot sur le pourquoi et le comment de l’utilisation de l’approche qualitative dans les analyses de Benoît Verhaegen pour la connaissance des conditions de vie de la population de cette ville depuis les années 1974 jusqu’en 1990, ensuite discuter de son importance, surtout pour la recherche actuelle en science sociale dans une ville où la persistance des crises occasionne une dynamique sociale généralement régressive (à partir de nos propres recherches sur la pauvreté à Kisangani à la FSSAP/UNIKIS), et enfin susciter un débat avec d’autres chercheurs sur l’opportunité actuelle de cette question méthodologique. En somme, il s’agit d’explorer les conditions de compréhension de la pauvreté à Kisangani en recourant aux travaux de Verhaegen.

Atelier 3 « Faire la guerre : en quête des acteurs locaux »

-« La guerre de six jours à Kisangani. Repenser la participation des acteurs locaux », par le Chef de Travaux John Nkoko

La compréhension des affrontements ougando-rwandais dans la ville de Kisangani pose le problème de son appréhension théorique. Si la qualification de la guerre entre les armées étrangères dans un sol étranger soulève le problème de théorisation en relations internationales, nous pensons que le recours à l’Histoire immédiate nous parait assez indiquée pour comprendre le rôle joué par les Boyomais dans ces affrontements. La façon dont ces affrontements sont présentés dans certaines littératures laisse croire à une affaire vraiment étrangères et que les nationaux n’avaient aucune influence dans le déroulement des événements. Cet exposé entend mettre en évidence le rôle joué par les acteurs congolais locaux dans le déclenchement des hostilités. Il s’agit de répondre à la question de savoir si l’état dans lequel ils trouvaient pouvait être qualifié de crise. En outre, il faut répondre à la question de savoir s’ils avaient conscience des conséquences que pouvaient avoir leur engagement sur la vie de la ville de Kisangani, quelle était la nature de leur engagement.

-« Milicien un jour, milicien toujours ? Comment on devient combattant mai mai à Bafwasende », par l’Honorable Heri Baraka

L’avènement des Mai-Mai dans le Territoire de Bafwasende ne peut être compris sans comprendre l’instance économique, politique et culturelle comme toit principal du matérialisme historique qui a donné naissance à l’histoire immédiate. Ce papier s’articule autour des questions suivantes : Qui sont les principaux acteurs historiques du phénomène mai- mai dans le Territoire de Bafwasende ? Ces acteurs ont-ils réellement conscience de leur engagement politique ? Quelle serait la période de crise qui aurait suscité la prise de conscience et l’engagement politique de ces acteurs ? Pourquoi ce phénomène de mai-mai dans le Territoire de Bafwasende ? A travers des récits de vie et l’analyse croisée des trajectoires de quelques miliciens, cette communication entend contribuer à la compréhension des transformations sociopolitiques et économiques que la milicianisation a entraîné dans l’espace local de Bafwasende.

Atelier 4 « Les combats des femmes pour la survie »

-« Être femme et vivre avec le VIH/SIDA à Kisangani: les arts de faire quotidiens », par le Chef de Travaux Billy Kakelengwa

La crise socioéconomique que connaît la RDC depuis la décennie 70 semble avoir atteint son paroxysme avec les guerres successives ayant exacerbé la destruction des infrastructures et l’informalisation du travail. Toutes les catégories sociales sont concernées par ces problèmes. Les guerres ont également contribué à l’expansion du VIH/SIDA. Or, cette pandémie touche davantage les femmes que les hommes. Comment les femmes vivant avec le VIH/SIDA, victimes d’une double marginalisation (en tant que femme et personne vivant avec le VIH/SIDA), se battent pour leur survie ainsi que celle de leurs proches ? A quels obstacles font-elles face quotidiennement et quelles stratégies développent-elles pour leur autonomie, contre les adversités de la vie?

-« Survivre dans un contexte de guerre : la prostitution des femmes à Kisangani », par Mademoiselle Esther Kisembo, chercheure

A partir de l’année 1997, la ville de Kisangani a été déchirée par des rebellions qui ont exacerbé, avec l’intervention des troupes étrangères, la crise économique et empiré les conditions de vie de la population. Pour survivre, chacun doit faire preuve de beaucoup d’ingéniosité, notamment la réinvention des formes de prostitution. Les femmes libres et les jeunes filles ont trouvé un moyen de se ressourcer financièrement à travers ce phénomène, ce qui traduit la pauvreté existante. On assiste alors à une réinvention de la prostitution pour s’adapter au contexte de la guerre. La présence des troupes étrangères est mise à profit pour gagner de l’argent auprès des soldats étrangers, éventuellement nouer des alliances matrimoniales. Des femmes prostituées ont cherché des mécanismes d’adaptation à leur mode de vie. Il y a eu un déplacement de certains lieux de loisirs. Les femmes, au lieu de se diriger plus vers les boites de nuit comme auparavant, c’est plutôt vers les camps de contingents marocains, uruguayens…

-« Trajectoires croisées des femmes de Kisangani », par l’Assistante Bibiche Salumu

La ville de Kisangani connaît une urbanisation rapide due à la croissance accélérée de sa population. Parmi les éléments à la base de cette accélération, il faut noter l’exode des populations rurales vers la ville pour y chercher de l’emploi. La ville, symbole de la modernité, a ainsi transformé les rapports sociaux, notamment les relations entre genre. Des femmes ont investi l’espace, y jouant différents rôles, plus ou moins importants. A travers quelques récits de vie et trajectoires des femmes plus ou moins connues, ce papier montre comment des femmes se battent au quotidien pour survivre, entreprendre et contribuer aux frais de leur ménage, voire assumer des rôles accrus au niveau de la société. Certaines sont devenues incontournables. Il faut désormais compter avec elles.

Mercredi 3 février 2010

Atelier 5 « Repenser l’espace public à Kisangani »

-« Crises et mobilisations sociopolitiques : quand les jeunes investissent l’espace public », par le Professeur Maindo

La mobilisation des associations des jeunes en RDC est d’abord une prise de conscience des problèmes existentiels des jeunes dans les quartiers défavorisés. Des jeunes s’organisent pour faire face, suite aux déficiences de l’Etat, collectivement, de manière solidaire, aux difficultés de la vie comme la maladie, le deuil, l’insécurité, la délinquance etc. Cette mobilisation finit par devenir une remise en cause de l’ordre étatique, mais aussi un tremplin à la vie active, notamment politique. La grogne des jeunes, désoeuvrés ou scolarisés, est un cocktail détonnant au Congo. Les Bills des années 50 ne sont-ils pas la préfiguration voire les ancêtres des shégués, des kuluna et autres bandes des jeunes miliciens qui investissent les rues de grandes villes congolaises d’aujourd’hui. De même, les maï maï pourraient être considérés comme le pendant rural des Bills citadins. Tous ces jeunes ont en commun le mal-être social. Depuis l’indépendance, les jeunes universitaires ont pris le flambeau de la contestation de l’ordre politique. Le retour des jeunes des cités sur la scène publique signifie-t-il une revanche sur les jeunes universitaires, un refus de passer le flambeau ? L’intrusion des jeunes sur la scène politique sur le mode de la violence pourrait puiser aux origines de l’Etat au Congo où la violence est structurante de l’espace politique.

-« Occupation et peuplement de la ville de Kisangani », par l’Assistant Claude Mbay

L’histoire de la composition sociologique de la population de la ville de Kisangani, renseigne que celle-ci tire essentiellement sa souche de plusieurs origines. Composée d’une part des autochtones dont font partie les Kumu, les Genia … et des immigrés surtout arabisés venus lors de la traite négrière. Depuis longtemps la ville de Kisangani ressemble à un carrefour où plusieurs peuples venus de toute part s’installent profitant de son hospitalité légendaire. En effet, de nos jours il est pratiquement difficile de déceler les traits de l’identité et des caractéristiques spécifiques des peuples habitant la ville de Kisangani margés les efforts des certaines tribus à faire parler d’elles. L’illustration la plus éloquente qui démontre la symbiose culturelle, linguistique… de la ville de Kisangani, est l’emprise de la langue lingala sur le swahili pourtant la langue vernaculaire du milieu en titre indicatif et, il est à ces jours, difficile de trouver un quartier, un bloc ou une avenue totalement avec une composition sociologique homogène des populations composant l’entité. Des militaires étrangers, notamment ougandais et rwandais venus soutenir et/ou entretenir l’agression d’une part, et le personnel civil et militaire de la MONUC (Mission des Nations Unis au Congo) d’autre part, ont par ailleurs contribué dans la recomposition sociologique de la population de la ville de Kisangani. Ils ont fait des enfants avec des Congolais.

-« Représentations et pratiques de relations de plaisanterie interethniques : ‘‘l’oncle mukusu’’ à Kisangani », par le Chef de Travaux Fraternel Amuri

Ce papier se propose de lever un pan de voile sur les dimensions historique, anthropologique et sociologique de la pratique des relations de plaisanterie interethniques à Kisangani, en particulier celle autour de « l’oncle mukusu ». On assiste à l’assimilation de tout ressortissant du Maniema à « l’oncle mukusu ». Les enjeux structurant les représentations et les pratiques de l’oncle « mukusu » à Kisangani et les défis (contraintes) qui en découlent, permettent de saisir le processus de formation d’un modèle transculturel et transethnique en vue de favoriser l’intégration et la cohabitation pacifique des populations de la Province Orientale et du Maniema. La réinvention de cette tradition basée sur les relations de plaisanterie permet, sinon de cimenter les liens interethniques, du moins d’atténuer les animosités ou les tensions, toujours latentes, qui se manifestent entre ces communautés humaines. Pour avoir accompagné, même contre leur gré, les « envahisseurs dominateurs » Arabo-Swahili dans leur processus d’occupation de l’espace appelé Kisangani, les ressortissants du Maniema, désormais « Bakusu », demeureront ainsi mal perçus sous l’étiquette des « résidus dominateurs » des envahisseurs. Identifiables par leurs noms d’origine swahili en majorité et parés de tout le prestige de leurs anciens chefs arabes (guerriers, trafiquants/traitants, musulmans), les oncles « Bakusu » ont été comptés parmi l’élite professionnelle et sociale de l’époque coloniale aussi bien dans l’ancien Kivu qu’à Stanleyville (Kisangani). Ces atouts de domination ou de leadership et les sentiments de rejet qui en ont découlé pendant la période postcoloniale, avaient déjà été notés par Verhaegen malgré les configurations affichées aujourd’hui.

Atelier 6 « Mobilisation des identités »

-« Propos autour des ‘‘nouvelles identités’’ en RDC », par le Professeur Noël Obotela

Le concept d’identité devient de plus en plus à la mode. Il constitue actuellement « un slogan brandi comme un totem ou répété de manière compulsive comme une évidence paraissant avoir résolu ce qui précisément pose problème : son contenu, ses contours, sa possibilité même » (Laplantine). Inscrit dans une perspective de longue durée, il peut se comprendre comme « un processus permanent avec des phases de relative stabilité et des accélérations, des contestations, des redéfinitions »(Vanier). Son implication dans l’évolution des communautés suscite un intérêt scientifique qui pousse à en examiner certains aspects.

Les « Nouvelles Identités » sur lesquelles se base le présent propos se définissent à la suite de Dubar comme « des collectifs multiples, variables, éphémères auxquels les individus adhèrent pour des périodes limitées et qui leur fournissent des ressources d’identification qu’ils gèrent de manière diverse et provisoire ». En RDC, plusieurs espaces sont aujourd’hui gagnés par ces nouvelles pratiques ou manières d’être. Le but de cette présentation consiste, non seulement à identifier ces nouvelles appartenances et à déterminer les circonstances de leur émergence en mettant particulièrement l’accent sur l’approche méthodologique.

D’aucuns n’ignorent que la société congolaise est minée par une crise généralisée et multiforme dont les conséquences se font davantage sentir. La pauvreté et ses attributs viennent s’ajouter à la faillite de l’Etat. Un tel environnement entraîne le développement de nouvelles formes de « solidarité » au sein desquelles les individus ne se réfèrent plus aux liens classiques. Ils recourent plutôt à des pratiques ou aux communautés fondées sur des bases variées. Celles-ci se traduisent de plusieurs façons qui vont des passions idéologiques ou effectives jusqu’aux violences les plus incontrôlables.

Scruter ces « Nouvelles Identités » revient à s’interroger sur les phénomènes de court ou long terme, de constantes ou changements, de rupture ou continuité. Ces nouvelles formes de solidarité ne constituent-elles pas le prolongement d’un processus ancien agissant comme une lame de fond ? Ces multiples collectifs marquent-ils une rupture avec le passé ? Tout en admettant leur caractère « fluide », l’hypothèse qui sous-tend notre démarche repose sur l’existence d’une véritable mutation dans les pratiques ou manifestations ainsi considérées. Notre propos tournera autour des modalités relatives à la saisie des acteurs et desdits collectifs. Comment le chercheur peut-il appréhender ces diverses réalités ?

Comprendre la compétition politique à Kisangani : l’historiographie de la ville et la place des identités dans les travaux de B. Verhaegen », par le Chef de Travaux Roger Ekongo

Par rapport à l’histoire du Centre extra-coutumier de Stanleyville actuellement Kisangani, les écrits de B.VERHÆGHEN ont accordé une importance particulière à la question identitaire notamment à la connaissance de l’origine ethnique des différents acteurs politiques de l’époque, de façon à situer ou encore à mieux comprendre la nature du combat politique auxquels ils étaient engagés. C’est dans cette optique que B.VERHÆGHEN chercha avant tout à dépeindre les acteurs politiques en compétition dans le cadre de l’association des évolués de Stanleyville. A titre d’illustratif, l’explication des rivalités entre Louis Abangapokwa, le tout premier président de l’AES voire la suite des dirigeants de la dite association contre César Lengema, Chef du CEC de Stanleyville était à trouver non seulement du fait que ce dernier défendait les intérêts des colonisateurs, mais aussi du fait qu’il se développait déjà chez les évolués de l’époque, une prise de conscience des facteurs identitaires. De même, les rivalités internes souvent assez vives entre les évolués notamment entre Louis Abangapokwa et J. Alamazani, entre Antoine–marie Mobe et des personnalités influentes de l’AES comme Lopez, Kirongozi ou Bondekwe cachaient parfois les antagonismes entre les tribus et les provinces d’origine. Il y a lieu de noter que Lopez fut un mulâtre né à Buta d’une mère Mangbetu, Joseph Kirongozi fut un Mubali de Bafwasende et Bondekwe fut un Lokele. Cette communication consiste à relever et à analyser, à la suite des écrits de B. VERHAEGEN, les rivalités et les luttes d’influence basées sur les facteurs identitaires tels que les ethnies et les provinces qui régnaient entre les évolués de Stanleyville. Cette démarche peut nous aider à mieux comprendre les fondements des rivalités liées à la compétition pour l’exercice et la gestion de pouvoir à Kisangani.

-« Militantisme associatif et engagement politique en Province Orientale », par le Docteur Jean-Pierre Lifoli

En 1983, Benoît Verhaegen publie un article intitulé : « L’Association des évolués de Stanleyville et les débuts politiques de Patrice Lumumba (1944-1958) ». Dans cette publication, il montre comment les associations culturelles servent de tremplin à l’émergence des acteurs politiques. En prenant comme modèle l’Association des évolués de Stanleyville, sous la présidence de Patrice Lumumba de 1953 à 1956, Verhaegen met en exergue les facteurs qui ont caractérisé les associations culturelles congolaises sous la colonisation et les stratégies de leur utilisation à des fins personnelles par les membres des comités exécutifs. Parmi les caractéristiques des associations qu’il a étudiées au Congo, il cite le contrôle des associations par le pouvoir politique et leur politisation par les membres du comité exécutif. Très souvent, les chefs des associations profitent de leur statut et de la ruse pour tirer des bénéfices sur le plan politique. En arrachant le statut consultatif pour les populations qu’elles prétendent représenter, les dirigeants des associations volontaires passent pour des notables. Ils renforcent de ce fait la popularité auprès de leur base et influencent certains choix politiques en devenant des interlocuteurs privilégiés des gouvernants.

La pensée de Verhaegen suscite aujourd’hui un débat sur le rôle des associations culturelles dans l’émergence ou non des élites politiques congolaises. Notre réflexion se propose d’examiner si les associations les plus influentes aujourd’hui à Kisangani, jadis Stanleyville, servent de porte d’entrée en politique aux élites, à l’instar de l’Association des évolués de Stanleyville évoquée par Verhaegen. Pour ce faire, nous avons choisi d’analyser parmi tant d’autres, les associations regroupant les natifs de quatre districts qui composent la Province Orientale (Le Forum économique pour l’Ituri, le Club de la Tshopo, l’Association pour le Développement du Bas- Uélé, l’Amicale du Haut-Uele). A ces associations, nous ajoutons d’autres comme Visa Province Orientale et le Groupement des Personnalités de la Province Orientale qui s’apparentent aux regroupements des ‘‘évolués’’.

Professeur Alphonse MAINDO